L'instabilité au coeur de la finance
Par Henri Sterdyniak, directeur du département économie de la mondialisation de l'OFCE
Henri Sterdyniak : directeur du département économie de la mondialisation de l'OFCE
Alternatives Economiques - Hors-série n°76 - Février 2008
La finance internationale crée chaque jour de nouveaux risques, que personne n'est en mesure d'évaluer. Et aucune conséquence n'a été tirée des crises précédentes.
En l'espace d'une trentaine d'années, un vaste marché mondial des capitaux s'est constitué, dominé par des gestionnaires de fonds à la recherche d'une rentabilité maximale, arbitrant entre tous les placements possibles à l'échelle mondiale. Les progrès des techniques de l'information et de la communication comme de la finance mathématique ont permis l'émergence de nouveaux instruments financiers et de nouveaux marchés de plus en plus sophistiqués.
La finance internationale brasse des sommes de plus en plus importantes. Elle finance des projets productifs comme de pures opérations spéculatives, permet aux agents de s'assurer contre le risque en même temps qu'elle en crée de nouveaux. Ce processus est par nature très mal régulé puisqu'il est mondial, alors que les autorités de contrôle restent nationales. Comme l'a montré la crise des subprime, nul ne sait plus aujourd'hui évaluer les risques pris par les institutions financières.
Des masses énormes de capitaux
La finance internationale s'est appuyée sur le développement des marchés financiers nationaux, survenu d'abord dans les pays anglo-saxons, puis généralisé à toute la planète. Les investisseurs institutionnels brassent des masses énormes de capitaux, qui proviennent des fonds de pension, des compagnies d'assurances et des organismes de placement collectif (c'est-à-dire de l'épargne des ménages les plus riches). Auxquels s'ajoutent les capitaux des pays producteurs de pétrole et des pays d'Asie en développement rapide.
Les gestionnaires de ces fonds sont en