L'islam aux états-unis
Si la séparation de l’Eglise et de l’Etat[1], l’un des principes fondateurs de la démocratie américaine, assure le respect de chaque religion au sens large, qu’il s’agisse d’une religion monothéiste traditionnelle ou bien d’une secte qui se proclame religieuse, les Américains ont en revanche adopté une définition plutôt restrictive de la laïcité qui ne relègue pas, contrairement à la conception française, la religion dans la sphère exclusive du privé. C’est pourquoi les Etats-Unis peuvent légitimement se proclamer de culture judéo-chrétienne, reconnaissant de facto les apports du christianisme et du judaïsme à la civilisation américaine. Une définition aussi restrictive de soi-même doit être impérativement replacée dans un contexte historique. Qu’elle exclue les immigrants d’origine asiatique s’explique par l’ostracisme dont ils étaient alors les victimes ; qu’elle exclue l’Islam se justifie également par le faible apport migratoire des Musulmans à cette époque.
D’autre part, au contraire de nombreux pays européens, les Etats-Unis, dépourvus d’Empire colonial, n’ont eu de contacts institutionnels avec l’Islam orthodoxe qu’à une époque relativement récente. La connaissance de cet Islam exogène était jusqu’alors réservée à une élite intellectuelle et missionnaire très restreinte, qui, dépendante des médias et des académiciens européens, était néanmoins emplie de préjugés négatifs à l’encontre des peuples musulmans qu’il convenait d’occidentaliser. De tels préjugés furent attisés par les prétentions des Black Muslims à pratiquer un Islam agressif et suprémaciste qui, bien qu’il fût hétérodoxe et surdéterminé par les conditions sociales de la ségrégation, dominait la sphère publique américaine.[2] Ce n’est donc qu’à partir de l’arrivée massive d’immigrants musulmans que les Américains ont été directement confrontés aux réalités sociales, culturelles et religieuses de l’Islam orthodoxe.
Les Musulmans ont une attitude ambivalente