L'odyssé
Les monstres ont tout d’abord une fonction narrative certaine.
Leur évocation laisse tout d’abord la place à des descriptions inventives, plaisantes pour le lecteur, et qui constituent autant de pause par rapport au déroulement de l’action. A partir de ces descriptions, une définition du monstre se dessine, qui explique pourquoi ils sont objets d’effroi pour les grecs. Les monstres dépassent la mesure. Ce sont des géants, comme Polyphème. L’univers du Cyclope est marqué par ce gigantisme surnaturel : de sa taille (sa tête est comme « un sommet boisé / d’une haute montagne apparue à l’écart », à sa nourriture (qu’il laisse tomber « avec fracas »), au rocher qui bloque l’entrée de son antre (« un lourd bloc abrupt »). Son caractère même est excessif : sa « rage passe les bornes ». Il souffre de cette hybris, de cette démesure que les grecs reconnaissent comme un défaut majeur. Le monstre est également difforme, comme ce cyclope qui n’a qu’un œil. C’est un humain inachevé. Scylla est décrite également avec soin. Là aussi, elle est démesurée par rapport à la normale, avec ses douze pattes et ses six cous. Elle rappelle, dans l’imaginaire légendaire, Cerbère ou l’Hydre de l’Herne. Si le Cyclope frôle l’humanité, elle, voisine avec l’animal. Le monstre manque alors d’harmonie, comme les Sirènes, à mi-chemin entre femmes et oiseaux selon