La première originalité du Mariage de Figaro est tout d’abord d’être le deuxième volet de d’une trilogie appelé Le Roman de la famille Almaviva. Beaumarchais y remet en scène les principaux personnages de sa pièce Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile (1775) : le barbier, Figaro, le Comte Almaviva et Rosine, appelée maintenant la Comtesse ou encore Bartholo. Cependant, dans notre pièce, là où Figaro n’était qu’un adjuvent intelligent et génial au mariage de son ancien maître, le comte Almaviva, dans le Barbier de Séville, c’est du mariage de Figaro lui-même dont il s’agit et le comte Almaviva en est par ailleurs un opposant.
Depuis Molière, le public des comédies s’était habitué à ne voir dans le valet que le serviteur de son maître, c’est-à-dire celui qui se démène pour le compte de quelqu’un d’autre, qui socialement lui est supérieur. Mais avec le Mariage de Figaro, Beaumarchais inverse les perspectives et les habitudes, le titre lui-même indique déjà qu’il s’agit de Figaro et de lui seul, il montre bien que les autres personnages ne seront pris en considération que dans la mesure où ils ont un rapport avec Figaro et surtout qu’ils servent ou entravent ses intérêts, en l’occurrence son mariage. Figaro présente au public un visage neuf et un renouvellement de l’emploi du valet qui s’oppose à celui des Scapin, Sganarelle et aux Arlequins du passé. Le rang social reste sans doute le même mais les fonctions attachées à la condition du valet ont évolué et surtout les comportements et l’indépendance s’affermissent. Le Mariage de Figaro eut été impossible quelques années plutôt, non qu’aucun esprit n’eut été capable de la créer, mais simplement parce qu’elle est fondée sur une certaine conception que l’on se fait des rapports et des liens qui unissent ou séparent les différentes catégories sociale.
Avec Le Mariage de Figaro, le valet picaresque du Barbier de Séville incarne désormais l’aspiration à la justice et à la liberté. Longtemps considérée comme une