Contrairement aux femmes et aux minorités (nationales, ethniques, sexuelles, etc.) qui, au cours des dernières décennies, ont revendiqués l'amélioration de leur condition, les hommes n'ont d'autres adversaires qu'eux mêmes. Les hommes ne peuvent s'en prendre qu'à eux, sinon comme individu du moins comme collectivité (3) ". Même si notre premier réflexe est de faire la sourde oreille, de s'arcqueboutter sur nos privilèges, de refuser de changer, nous avons tout à gagner de cette remise en cause de nos comportements. L'abolition du patriarcat pour les hommes, c'est aussi la fin d'un modèle. Ce qui ne signifie pas pour autant le néant mais plutôt la recherche d'autres modèles. Si pour paraphraser Simone de Beauvoir, on ne naît pas homme on le devient, pour chacun d'entre nous et pour la collectivité s'ouvre une possibilité de déconstruction. La première étape est de se remettre en cause au quotidien concernant ses attitudes, comportements, valeurs. La remise en cause de pans entiers de sa vie n'est pas évident.
Mieux se connaître, s'exprimer sous d'autres formes que la violence ou le mutisme, changer ses rapports avec les femmes et avec les autres hommes, etc. s'est un peu explorer l'inconnu mais cela peut être une perspective plutôt jouissive et pourtant guère portée en dehors de quelques groupes non-mixtes hommes existants. Alors que les libertaires devraient complètement s'inscrire dans une démarche antipatriarcale, vu les valeurs qu'ils avancent (anti-autoritarisme, égalité, émancipation...), on s'aperçoit que souvent ces derniers se cantonnent souvent à un antisexisme de circonstances, un peu artificiel: surveiller son langage, ses attitudes sans se remettre véritablement en cause. Les hommes sont censés prouver jour après jour qu'ils sont des hommes notamment en affirmant leur domination sur les femmes; domination qui recouvre énormément de formes, plus ou moins identifiables, encouragées, et diffuses. S'affirmer comme mâle dominant, implique aussi entre