L'âge classique
« L’histoire des civilisations ne s’accroche pas comme l’événement au jour et à l’heure d’un repère. Fût-‐ce la prise d’une Bastille ou l’accomplissement d’un régicide », nous dit Pierre Chaunu en introduction de sa Civilisation de l’Europe classique1. Pour lui, le XVIIe siècle marque « la date de naissance secrète de notre âge ». Contrairement aux usages répandus qui la fixent à la Renaissance (un cycle s’achevant à la fin du Moyen Âge, et une Renaissance qui ouvre la marche vers les Lumières rationnelles jusqu’à nos jours), Chaunu souligne sous ce premier schéma largement admis l’arc d’un autre cycle : la Renaissance venant clore le grand mouvement amorcé lors de la grande « révolution » ou « renaissance » du XIIe siècle (pris dans un sens large, 1080-‐1250), et le XVIIe siècle amorçant l’âge « moderne » : « […] saisi par l’événement, on aura trop négligé que la multiplication quantitative et spatiale du début du XVIe siècle ne modifie rien profondément, qu’elle est l’aboutissement d’une révolution commencée au milieu du XIIe siècle et qui s’achève