L'école des femmes
Arnolphe
Mon pauvre petit bec, tu le peux, si tu veux. (Il fait un soupir.) Écoute seulement ce soupir amoureux, Vois ce regard mourant, contemple ma personne, Et quitte ce morveux et l’amour qu’il te donne. C’est quelque sort qu’il faut qu’il ait jeté sur toi, Et tu seras cent fois plus heureuse avec moi. Ta forte passion est d’être brave et leste : Tu le seras toujours, va, je te le proteste ; Sans cesse, nuit et jour, je te caresserai, Je te bouchonnerai, baiserai, mangerai ;
Tout comme tu voudras, tu pourras te conduire: Je ne m’explique point, et cela, c’est tout dire.
(À part.) Jusqu’où la passion peut-elle faire aller ! Enfin à mon amour rien ne peut s’égaler : Quelle preuve veux-tu que je t’en donne, ingrate? Me veux-tu voir pleurer? Veux-tu que je me batte? Veux-tu que je m’arrache un côté de cheveux ? Veux-tu que je me tue? Oui, dis si tu le veux : Je suis tout prêt, cruelle, à te prouver ma flamme. (Molière, 1662, 146-147)
Cette pièce ne comporte aucun aspect invraisemblable ou immoral, car l’auteur a voulu présenter aux spectateurs une image de la réalité qu’ils connaissaient tous. Par la suite, Molière a respecté la règle des trois unités. L'unité d'action dans L'École des femmes est développée de façon remarquable. Toutes les péripéties de l'histoire portent sur Arnolphe, le personnage principal, qui se voit bafoué par Horace et Agnès, le jeune couple amoureux. L'unité d'action pose sur les