L'école orthogénique de bettelheim
« Ré-humanisante » est le terme, selon moi, qui m’a de loin le plus touchée pour qualifier la pensée de Bettelheim. Alors encore une fois, si on parcourt l’histoire de vie de cet exceptionnel psychologue, on se rend compte qu’il y a peu de place au hasard. L’histoire de sa vie, ses expériences et ses œuvres bouleversantes (riches d’exemples concrets de cas comme Lucille, Tom, Laurie, Hank, Frank, Marcia, Joe, George et tant d’autres) ne peuvent que susciter la curiosité, l’envie de savoir, de comprendre l’homme « en profondeur » qu’il était. Le poids d’une vie est un ouvrage poignant qui témoigne de la vie de celui qui s'est passionné pour celle des autres. Bruno Bettelheim est né à Vienne en 1903, il se suicidera en 1990. Deux blessures indélébiles marqueront cet homme : la première, c’est celle d’une enfance traumatisée, le regard déçu et frustré de sa mère par la « laideur » de son fils, la maladie « honteuse » et inéluctable de son père, une sœur « rivale », sa propre fragilité physique qui fera de lui un enfant renfermé, sa perspective précoce de la responsabilité de soutien de famille, les tourments de l’adolescence, autant de causes à l’origine de la profonde tristesse et du pessimisme du jeune homme. Sa souffrance sera adoucie d’une part par la lecture de livres (« expériences libératrices » selon lui) qui l’inciteront à donner sens à sa vie, et d’autre part par l’intérêt de la psychanalyse qui stimulera sa recherche du sens à donner. La seconde blessure, c’est l’épreuve des camps de concentration qui décuplera son auto-analyse et sa volonté de donner sens à sa vie et aux événements, avant de lui ouvrir la porte d’une existence plus apaisante. La lecture des essais et ouvrages de Bruno Bettelheim permet d’appréhender ce vers quoi il s’est destiné, sa personnalité, ses idées, son travail et son action. Il passa son doctorat en psychologie à l'université de Vienne en 1938. Les nazis