Lucien Auguste Camus, père d'Albert, est né en 1885 à Ouled-Fayet dans le département d'Alger et descend des premiers arrivants français en Algérie. Un grand-père venait du bordelais, un bisaïeul d'Ardèche mais la famille se juge d'origine alsacienne[1]. Lucien Camus travaille comme caviste dans un domaine viticole, près de Mondovi, dans le département de Constantine, pour un négociant de vin d'Alger. Il épouse Catherine Hélène Sintès en novembre 1910. Trois mois plus tard, en 1911, naît leur fils aîné Lucien Jean Étienne et en novembre 1913, leur second fils, Albert. Lucien Auguste Camus est mobilisé en septembre 1914. Blessé à la bataille de la Marne et évacué le 11 octobre à l'hôpital militaire de Saint-Brieuc, il meurt le 17 octobre 1914. De son père, Camus ne connaîtra que quelques photographies et une anecdote significative : son dégoût devant le spectacle d'une exécution capitale. Sa mère, d'origine minorcaine, est en partie sourde, ne sait ni lire ni écrire, sauf sur les lèvres si on lui parle de face[2].Elle s'installe avec ses enfants chez sa mère, rue de Lyon à Belcourt, un quartier populaire d'Alger.
Albert fait ses études dans cette ville, encouragé par ses professeurs dont Jean Grenier - qui lui fera découvrir Nietzsche - et, auparavant l'instituteur Louis Germain qui fera en sorte qu'il puisse aller au Lycée. Il gardera une grande reconnaissance à celui-ci et lui dédiera son discours de prix Nobel. Il déclare dans celui-ci un mot qui restera célebre : « Ma patrie, c'est la langue française. »
En 1934 il épouse Simone Hié et en 1935 commence l'écriture de L'Envers et l'Endroit, qui sera publié deux ans plus tard par Edmond Charlot. À Alger, il fonde le Théâtre du Travail, qu'il remplace en 1937 par le Théâtre de l'Équipe. Dans le même temps il quitte le parti communiste, auquel il avait adhéré deux ans plus tôt. Il entre au journal Alger Républicain, organe du Front populaire, créé par Pascal Pia. Son enquête Misère de la Kabylie aura une action