L'étranger : incipit
Incipit (p.9 à 11) : En quoi est-il déroutant pour le lecteur ?
Albert Camus, écrivain majeur de la première moitié du XX° siècle, a publié en 1942 L'Étranger qui met en scène un narrateur, Meursault, qui fait le récit de sa vie. En ce début de roman, il raconte la nouvelle de la mort de sa mère, les préparatifs pour son départ et son voyage. Nous allons voir comment cet incipit répond aux attentes du lecteur et ce qu'il a de surprenant.
I – Un incipit traditionnel
1) Lieu
L'action se déroule à Alger (restaurant de Céleste / Marengo [asile de vieillards et cimetière] ). Précision de la distance entre Marengo et Alger.
2) Temps
L'époque n'est pas précisée.
3) Personnages
Le narrateur (dont l'identité sera donnée plus tard), sa mère, la patronne du restaurant, des amis anonymes et son patron.
4) Action
Le narrateur prend deux jours de congé pour aller à l'enterrement de sa mère.
II – Ce qui manque à un incipit traditionnel
1) Informations lacunaires
Le narrateur n'a pas d'identité et nous n'avons pas d'informations sur lui (ni son passé, ni son physique). Les autres personnages sont décrits de façon imprécise : ils apparaissent comme des figurants. Les lieux sont justes cités, sans aucun éléments descriptif.
2) Faux Journal Intime
Les temps employés sont ceux d'un journal intime (= présent d'énonciation, passé composé et futur). Mais comme il n'y a pas de repère précis, on ne sais pas quand il écrit. On a donc du mal a le situer dans le temps.
III – Un incipit surprenant (ou déroutant)
1) Un narrateur dépourvu de sentiments
Le narrateur, qui est aussi le personnage concerné, relate la mort de sa mère et les actions qu'il fait d'un ton neutre (= écriture blanche). Il commente le télégramme d'un façon détachée avec une incertitude sur la date du décès de sa mère. (« ou peut-être hier », « cela ne veut rien dire »). On a l'impression qu'il n'est pas vraiment concerné par l’événement : il parle