L'étranger
« L’étranger » d’Albert Camus : entretien imaginaire entre un personnage et son psy
Après que l’heure de sa mort lui a été annoncée, Meursault, comme à son habitude, ne ressent rien. Un aumônier vient sans cesse à sa rencontre pour engager une discussion avec cet homme qui, pour lui, a un « cœur aveugle ». Mais Meursault ne veut rien entendre. Cela l’inquiète. Le prêtre va proposer un pacte à Meursault. S’il accepte de voir le psychanalyste, il laisse l’homme rigide et froid seul avec lui-même.
Le psychanalyste regarde Meursault s’asseoir tranquillement. Ensuite, il lui fait un signe de la tête. Meursault ne répond pas, regardant son interlocuteur d’une expression ne signifiant rien.
- « Bonjour Monsieur, comment allez-vous aujourd’hui ? »
- « Je ne sais pas » répond Meursault.
Joubert, déstabilisé, s’installant : - « N’êtes-vous pas angoissé à l’idée de connaître la date et l’heure de votre mort ? »
- « Je ne sais pas » répète Meursault.
- « Eh bien, je ne vous saisis pas. Je ne comprends pas comment un homme peut rester calme dans ce genre de situation ! »
- « Pourtant, je le suis. »
- « J’ai l’impression que vous ne vous rendez pas compte du poids de ce que vous avez commis, est-ce possible ? » dit Joubert, bégayant.
- « Qu’est-ce que vous voulez que je vous raconte ? En effet, tout le monde me dit sans arrêt que je suis un monstre. Est-ce que le fait de ne pas pleurer à l’enterrement de sa mère est un crime ? » dit-il, calmement.
- « Je ne crois pas, non. Mais le fait de ne rien ressentir lorsque quelqu’un évoque la mort toute fraîche d’un proche suscite des questions. La première : est-il insensible ? Est-il un monstre ?! »
- « Qui ou quoi vous informe sur mes pleurs ? Vous n’en savez absolument rien. »
- « Donc, vous avez pleuré pour votre mère ? »
- « Je ne sais pas… Peut-être. »
- « Répondez ! Oui ou non ? »
- « Non. » Cette réponse de la part du meurtrier, froide et franche, donne tout à coup la chair de poule à