L'île des esclaves
Commentaire composé
Tirade Cléanthis (p.76)
Marivaux observe attentivement les réalités de la vie. Il écrit des romans mais surtout des pièces de théâtre s'inscrivant dans les traditions de la Commedia dell’arte. Il est séduit par le comique mais rejette le classicisme. L'Ile des esclaves (1725), sa première comédie sociale, n'échappe pas à cette règle. Le dramaturge met en scène une situation cocasse et inattendue : celle de maîtres et de serviteurs qui sont jetés par une tempête sur une île peuplée d'anciens esclaves. La scène 10 regroupe tous les personnages sauf Trivelin. Elle constitue le véritable dénouement de la pièce puisque chacun reprend son rôle initial. Dans quelles mesures la tirade de Cléanthis montre son refus de retour à la situation initiale ? Et par quel biais cette pièce reste intemporelle ? Nous répondrons à ces questions en deux parties, Tout d’abord Cléanthis ou la violence d’une femme offensée, puis sera abordé le thème de la fonction théâtrale qui, au-delàs de cette fantaisie prend une dimension symbolique.
Cléanthis, personnage phare de la pièce, connut le jour sur les planches grâce au talent de l’actrice Italienne, Sylvia. Ce qui est frappant dans cette tirade, c’est le sens inné de la répartie que lui a attribué le dramaturge français, ainsi que celui de la morale. En effet, Cléanthis possède une réelle capacité argumentative. Cette tirade est très travaillé avec des graduations, beaucoup de ponctuations, des interrogations rhétoriques ce qui donne à la tirade plus de d’intensité, de conviction, de rythme, mais aussi d’exagération dans les phrases. On remarque aussi des interjections de comédie comme « fi » « Ah ». Mais également des échos « Ah maintenant nous y voilà » « Ah nous y voici » et des répétitions « Non ». Cléanthis utilise aussi des images de comparaisons « comme des vers de terre » cette comparaison démontre d’une manière burlesque la maltraitance subit de cette dernière, elle prend donc un