L amour
Analyse du sujet et formulation du problème
Cette formule – comme la plupart des maximes de moraliste – semble, dans sa nature catégorique et sa tonalité pessimiste, vouloir nous ouvrir les yeux sur les motivations profondes des comportements humains, plus « spécifiquement sur la réalité de nos choix, des principes que nous nous donnons ». Elle est polémique. En effet, ce qui est ici en question, c’est la valeur que nous accordons à la mesure : considérer la "modération" comme une "vertu". Cette valorisation des attitudes mesurées est présentée comme un choix – il y a dans le « on fait » l’idée d’une décision, l’intervention d’une volonté, mais aussi celle d’un travail, d’un effort -, peut-être même comme un calcul - ; la suite de la phrase, organisée autour du double "pour"+infinitif, décrit (faut-il dire dénonce ?) les objectifs poursuivis : limiter les excès des uns, compenser les insuffisances des autres, en un mot, gommer les différences en supprimant ce qui est excès ou défaut et en ramenant tout à une juste mesure (faut-il dire à la médiocrité ?)
Il apparaît donc certains présupposés avec lesquels nous pouvons ne pas être pleinement en accord, et un point de vue à discuter…
D’abord, La Rochefoucauld soutient d’emblée que la modération est une valeur conventionnelle (le "on" renvoie au fait social), c’est-à-dire que la valorisation de la mesure est un artifice ; ce ne serait pas une évidence dans l’ordre de la nature. D’ailleurs, la suite de la phrase manifeste un désir de nuancer les inégalités naturelles entre les hommes, de réduire les différences offertes par la nature. Le prix accordé à la mesure apparaît ici comme purement