L an 2440
De « Les choses me paraissent…. » à « ….non héréditaire ou vénale. ».
Introduction
Ce texte est un extrait de l'œuvre de Louis Sébastien Mercier, né en 1740 et mort en 1814, un des auteurs les plus féconds de son temps, en particulier dans le domaine du drame réaliste. « L'an 2440, rêve s'il n'en fut jamais », fut publié en 1770, et est le premier roman d'anticipation moderne. A travers cette fiction futuriste, l'auteur développe son rêve philosophique et politique : après sept siècles de sommeil, il se réveille et découvre grâce à son guide un monde de sagesse et de raison.
I.Le concret et l’abstrait
a)L’alliance
On peut souligner une alliance des termes concrets et abstraits dans l’image de l’expression « la livrée de l’orgueil » : cette expression s’oppose dans le texte à « vêtu d’une manière simple et modeste ». Louis Sébastien Mercier fait allusion à la façon luxueuse et tapageuse dont ses contemporains étaient vêtus, pour afficher les signes extérieurs de leur condition ainsi que leur satisfaction personnelle. Le choix de la livrée, habit d’un modèle particulier porté par les domestiques d’un seigneur ou d’une grande maison, montre que ces hommes en habits dorés étaient en vérité esclaves de leur orgueil et de l’image qu’ils voulaient donner d’eux-mêmes. L’expression est donc fortement satirique.
b)L’opposition
Une première liste de termes ( « avoir excellé dans son art », « mérite », « actions » et « récompense qu’elles méritent ») évoque une conduite digne d’estime, une valeur réelle, alors que la seconde liste (« habit magnifique », « riche ameublement », « admirateurs » et « protecteurs ») représente ce qui est superficiel, ostentatoire et tape à l’œil. Dans l’ancien monde qu’a connu Mercier, c’est l’apparence et le paraître qui dominaient, et dans le monde de l’utopie, guidé par la sagesse, c’est la valeur véritable qui est reconnue. Tout le décorum a perdu son