Et Gervaise a vu juste. Comme les bêtes qu’on assomme dans les abattoirs, elle va être assommée par le milieu putride du faubourg. L’Assommoir du père Colombe résume à lui seul les influences maléfiques qui vont s’acharner contre elle. Avec sa « mine sombre » et ses « serpentins descendant sous terre », avec ce ronflement sourd, ce « souffle intérieur » qu’aucune fumée ne dénonce, l’alambic est l’emblème démoniaque des causalités souterraines du milieu. D’emblée, Gervaise est prise d’un frisson devant « la cuisine du diable» de la machine à soûler.n l’attribue à tort à Champfleury qui pourtant se défiait de ce terme (« Le nom me fait horreur par sa terminaison pédantesque ; je crains les écoles comme le choléra, et ma plus grande joie est de rencontrer des individualités nettement tranchées », Lettre à George Sand). Il rappelle d’ailleurs combien il réprouve ce terme, inventé par les journalistes critiques, dans un ouvrage de 1857 justement intitulé… Le Réalisme. Celui-ci naquit du besoin de réagir contre le sentimentalisme romantique et contre « la sottise, le poncif et le bon sens1 ». Le Réalisme est un mouvement culturel qui est caractérisé par une attitude de l’artiste face au réel. Il définit un type de littérature qui veut représenter le quotidien le plus fidèlement à la réalité possible, sans omettre le banal avec un point de vue objectif. Le Réalisme cherche à dépeindre la réalité telle qu’elle est, sans artifice et sans idéalisation, choisissant ses sujets dans les classes moyennes ou populaires, et abordant des thèmes comme le travail salarié, les relations conjugales, ou les affrontements sociaux. Ce mouvement apparait dans la seconde moitié du xixe siècle pour s’opposer au romantisme, qui a dominé la première moitié du siècle et pour dénoncer et analyser les mœurs de la vie quotidienne. Il s’étendra ensuite à l’ensemble de l’Europe et à l’Amérique, où il survivra jusque dans les années 1950. Les mouvements qui dérivent du Réalisme sont le symbolisme, le