L Emprunt
Qu’est-ce que l’emprunt linguistique?
Pour comprendre le phénomène de l’emprunt, il importe de saisir la différence entre deux réalités sociolinguistiques : une langue et l’usage de cette langue. Une langue correspond à un système linguistique dont les composantes sont sémantiques, phonologiques, orthographiques, morphologiques et syntaxiques.
L’usage d’une langue fait référence aux situations concrètes de communication et nécessairement aux personnes qui l’utilisent et, par le fait même, aux représentations symboliques (croyances, perceptions, attitudes) qui règlent leurs pratiques langagières.
L’emprunt ne résulte pas d’interférences passives entre des systèmes linguistiques. C’est par l’intermédiaire des utilisateurs que l’échange linguistique peut se faire. Dire que les langues empruntent à d’autres langues, c’est donc recourir à une métaphore peu utile, particulièrement dans un contexte d’aménagement linguistique qui impose de voir l’emprunt comme une réalité sociolinguistique. Le terme emprunt désigne à la fois le procédé, c’est-à-dire l’acte d’emprunter, et l’élément emprunté. Nous proposons les deux définitions suivantes d’emprunt linguistique :
• Procédé par lequel les utilisateurs d’une langue adoptent intégralement, ou partiellement, une unité ou un trait linguistique (lexical, sémantique, phonologique, syntaxique) d’une autre langue.
• Unité ou trait linguistique d’une langue qui est emprunté intégralement ou partiellement à une autre langue.
Même si elles sont généralisées depuis longtemps dans l’usage, les formes empruntées demeurent des emprunts, étant donné leur origine. Ainsi gin, scout, football, hockey, jazz, etc., ne sont pas des mots d’origine française, mais bien des mots anglais empruntés qui font maintenant partie du lexique du français, malgré leur manque d’adaptation au système du français.
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Les catégories d’emprunts
Le traitement des emprunts à l’anglais, ou à d’autres langues,
suppose