Premier recueil d'essais et de conférences paru en 1919 bien avant ce qui sera sa quatrième et dernière œuvre majeure, les Deux sources de la morale et de la religion (1932), L’Energie spirituelle est l’occasion pour Bergson d’intégrer plusieurs démarches : philosophique, psychologique, métaphysique, scientifique, biologique. Le recueil qui tend nettement à condenser les recherches des ouvrages précédents, notamment Matière mémoire et L'Evolution créatrice, nous place d'emblée dans le refus de la thèse du parallélisme psycho-physique. Cette thèse considère en effet qu'à tout état mental ou psychique correspond un état cérébral. Bergson s'oppose à toute recherche neuro-biologique qui ne peut que décrire des mouvements moléculaires et cérébraux sans pouvoir expliquer des opérations de la conscience, comme la pensée, le rêve, ou l'interprétation. Ainsi, ces sept conférences sont dominées par le grand problème métaphysique de l'union de l'âme et du corps, et par sa récupération scientifique. Les conférences La conscience et la vie, L'âme et le corps, Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique explicitent la critique bergsonienne de cette théorie, notamment grâce aux analyses du rêve, de la fausse reconnaissance, du déjà vu, et de l'effort intellectuel.
C'est selon l'expression paradoxale de « métaphysique positive » que Bergson propose d'avancer dans la compréhension de la réalité de l'esprit et de la matière ainsi que de leur relation. Cette approche minutieuse et détaillée des faits, de leurs contours, propose d'aller jusqu'au bout des tendances observées dans l'expérience pour retrouver la nature profonde de ce qui est. Pour Bergson, la conscience est ainsi ce qui est essentiellement rétention du passé, appréhension de l'avenir, « attention à la vie », et qui peut se trouver chez tous les êtres vivants à des degrés divers. La conscience n'est donc pas nécessairement dépendante d'un cerveau, et si elle lui est liée, ce n'est pas en tant qu'il est son