L'enseignement du droit à Dakar
par Moussa Samb, agrégé de droit privé,
Faculté des sciences juridiques et politiques,
Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Ce texte propose une lecture critique de l’état et des évolutions possibles de l’enseignement du droit -sur la base d’une évaluation personnelle du passé, en tant qu’étudiant, et du présent, en qualité d’enseignant- de l’organisation et du déroulement des enseignements à la Faculté des sciences juridiques et politiques de Dakar. L’évaluation est faite sans trop prendre en considération les dysfonctionnements systémiques dus aux gonflements des effectifs et aux nombreuses grèves des étudiants, relayées parfois par celles des enseignants. C’est une réflexion générale sur l’architecture pédagogique existante et sur les domaines et les méthodes d’enseignement dans les différents cycles. La perspective critique de l’analyse doit être bien située. Il ne s’agit d’appeler à une sorte de « révolution pédagogique » qui appellerait à des ruptures ou à des remises en causes radicales des méthodes d’enseignement existantes. La critique dans l’enseignement, c'est-à-dire dans les pratiques pédagogiques, doit ici être distinguée de la critique de l’enseignement qui vise le plus souvent un système et des programmes ; en un mot, il s’agit, comme disait l’autre, d’une critique pour l’enseig
nement et non d’une critique contre l’enseignement1.
L’organisation –théorique et pratique- des enseignements à la Faculté des sciences juridiques et politiques de Dakar a subi l’épreuve du temps et des réformes. Elle a aussi subi les contrecoups de la croissance exponentielle, durant la dernière décennie, des effectifs des étudiants. Le deuxième cycle qui fonctionnait, jusqu’au début de la décennie actuelle, avec des groupes d’une centaine d’étudiants accueille de nos jours de grands auditoires avec plus de 3 000 étudiants en L1 et plus de 500 étudiants en L3, avec un basculement au système LMD difficile