Les théories de René Girard sur les logiques mimétiques du désir et sur les théories du bouc émissaires pourront alors nous servir de transition et permettrons de considérer la vie dans une nouvelle dimension, non comme inscrite de manière définitive dans un espace mais comme rapport instable au monde. La vie devient alors scalaire en vue d’une vectorialisation nouvelle du monde (penser que l’espace c’est avant tout l’espace vectoriel mathématique). Dans cette voie on pourra tout d’abord affirmer que toute vie ouvre une nouvelle possibilité de reconfiguration du monde et reconfiguration d’une immédiateté toujours déjà donnée. Trois penseurs pourront accompagner notre cheminement : le Sartre littéraire des chemins de la liberté qui nous montre la confrontation douloureuse d’une vie tiraillée entre deux espaces, entre deux pôles opposés entre lesquels elle est obligée de trancher du fait de sa « condamnation à la liberté ». C’est bien ici l’équivocité de la vie qui loin de n’appartenir qu’à un seul espace est en fait un point de rencontre, de jointure, un croisement des chemins de chaque espace bien plus qu’un espace lui-même. Croisement sur un chemin qui nous invitera à considérer l’immédiateté de la réalité dans une perspective où l’espace d’une vie est toujours à reconfigurer ; à recréer (on peut alors convoquer la métaphysique de Jankélévitch dans le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien), recréation et reconfiguration de l’espace d’une vie qui se fait toujours aussi par la médiation de l’autre dans son altérité et dans sa singularité (qui sera l’occasion de développer la pensée de Lévinas telle qu’elle se présente dans L’humanisme d’un autre homme ou dans Ethique et Infini). La vie nous invite à reconfigurer l’espace dès lors que la rencontre avec l’autre ouvre une nouvelle dimension, élargissant ainsi le champ des possibles de cet