L'essor Industriel
L'opposition entre « pays industrialisés » et « Tiers Monde », caractéristique majeure du monde contemporain, est une conséquence de la révolution industrielle dont la première phase se déroule en Angleterre dans le dernier tiers du XVIIIe siècle.
Vers 1760, l'Angleterre est encore une société pré-industrielle. Elle doit à sa position dominante dans le grand commerce maritime et colonial les signes les plus visibles de sa prospérité. Mais la base de l'économie reste agricole et rurale. Il existe déjà des activités manufacturières développées, travaillant parfois pour des marchés étendus (proto-industrialisation), mais essentiellement sous des formes très dispersées et imbriquées au secteur agricole ; les grandes unités de production – manufactures – demeurent peu nombreuses, et le rôle des machines est marginal.
Vers 1840, le machinisme est déjà en voie de triompher dans les secteurs clés de la révolution industrielle anglaise. La transformation des structures économiques et sociales reste incomplète, mais l'essor des grands foyers d'industrie moderne, avec leurs concentrations ouvrières, annonce clairement le bouleversement des hiérarchies régionales et sectorielles. Les contemporains ont eu conscience de vivre une ère de mutations d'une violence sans précédent, comme l'exprime bien le terme de révolution industrielle (Friedrich Engels l'emploie dès 1845), transposé du vocabulaire politique. Et c'est aussi la révolution industrielle qui, en deux ou trois générations, a fait de la Grande-Bretagne – après sa victoire sur la France en 1815 – la superpuissance incontestée du XIXe siècle.
Si le point de départ peut être daté des années 1760-1770 avec une précision insolite en histoire économique, la fixation d'un point terminal ne pourrait être que conventionnelle : car la révolution industrielle doit être conçue comme un processus ouvert. Elle déclenche une réaction en chaîne à travers laquelle les innovations de toute nature