L-etranger-resume
Albert Camus
PREMIERE PARTIE CHAPITRE I C'est jeudi. Aujourd'hui, maman est morte dans son asile à Marengo, situé à quatre-vingts kilomètre d'Alger. Au restaurant de mon ami Céleste, tous avaient de la peine pour moi. Cependant, dans mon esprit, c'est comme si maman n'était pas morte. Je n'étais pas en deuil. A deux heures, j'ai pris l'autobus. Il y avait une chaleur torride. Mme Meursault, ma mère, vivait assez heureuse à l'asile, car je ne pouvais plus subvenir à nos besoins. Le directeur m'a dit : "Je suppose que vous voulez voir votre mère." Il m'a expliqué : "Nous l'avons transportée dans notre petite morgue. Pour ne pas impressionner les autres. Chaque fois qu'un pensionnaire meurt, les autres sont nerveux pendant deux ou trois jours." A la morgue, il m'a laissé. L'enterrement était fixé à dix heures, le lendemain matin. Ma mère ne s'était jamais intéressée à la religion et pourtant elle avait demandé d'être enterrée religieusement. Le concierge m'a proposé de retirer le couvercle de la bière pour que je puisse la voir. Je ne voulais pas, sans savoir pourquoi. Le concierge disait "ils", "les autres", en parlant des pensionnaires pourtant guère plus âgé que lui. J'ai eu envie de fumer. Pouvais-je le faire devant maman ? Aucune importance. J'ai offert une cigarette au concierge et nous avons fumé. Pour la veillée nocturne, les amis de maman sont venus. Quand ils sont entrés, la plupart paraissaient gênés. Il me semblait qu'ils me jugeaient. Une femme a pleuré longtemps car ma mère était sa seule amie. Elle n'avait plus personne. Puis le silence fut pénible. A la longue, j'avais l'impression que ma mère ne signifiait rien aux yeux de ces vieillards. La nuit a passé. En repartant, à mon grand étonnement, tous m'ont serré la main. J'ai renoncé à voir ma mère comme me le proposait le directeur. Seul l'un des pensionnaires a eu l'autorisation d'assister à l'enterrement : Thomas Pérez, un vieil ami de maman. Son visage était blafard, ses lèvres