L’évolution de l’Algérie
INTRODUCTION
Le 3 juillet 1962, l’Algérie indépendante ferme dans la joie la douloureuse
« parenthèse » de la colonisation. Tout reste à faire : sortir de l’état colonial, de cette économie extravertie conçue uniquement par rapport à la métropole et en fonction du million d’Européens qui y vivent, bâtir un État, ou, pour reprendre l’heureuse expression de Benjamin Stora, « inventer » une Algérie qui, tant géographiquement que culturellement, ne semble s’imposer que dans les esprits.
Nul doute que l’histoire de l’Algérie depuis l’indépendance est avant tout l’histoire de l’émergence d’une « identité algérienne », qui emprunte tout à la fois aux modèles républicain, islamique et nationaliste. Devant les contradictions et les doutes, la synthèse se révèle des plus difficiles pour le régime autoritaire qui parvient rapidement au pouvoir. Après trente ans de cette transition menée par le FLN, la crise actuelle que connaît l’ancienne colonie française témoigne de son échec. Se fondant sur le mensonge d’un « peuple unanime » et revendiquant l’héritage exclusif du combat pour l’indépendance, le FLN ne parviendra pas à pallier cette absence de légitimité démocratique ou même à cacher l’ombre tutélaire et omniprésente de l’état-major.
Octobre 1988 marquera la fin d’une époque lorsque le régime vacille et semble se libéraliser. Quatre ans plus tard, l’interruption du processus électoral à cause de la trop forte poussée du FIS referme cette courte parenthèse pour plonger l’Algérie dans une guerre civile larvée. Mais où va l’Algérie ? Comment comprendre cette histoire que nombre d’historiens qualifient de « cyclique », croyant revivre une seconde fois cette guerre d’indépendance qui marque si profondément l’identité algérienne ? Il ne fait en tout cas aucun doute que cette crise place l’Algérie face aux choix qui furent les siens depuis 1962.
« L’INDÉPENDANCE CONFISQUÉE » (FERHAT ABBAS)
L’été 1962 ou la