L idéal niechtchien
Le philosophe doit être à la fois médecin (il interprète les faits) et artiste (il les évalue), donc législateur. Tel est d'ailleurs le philosophe présocratique. Il y a unité de la pensée et de la vie : les modes de vie inspirent des façons de penser, les modes de pensée créent des façons de vivre. La vie active la pensée, la pensée affirme la vie. Cette unité est aujourd’hui oubliée, perdue : on a le choix entre des vies médiocres (Kant) et des penseurs fous (Hölderlin).
La révolution socratique [modifier]
Mais la philosophie est apparue masquée (le jeune philosophe grec a quelque chose du vieux prêtre oriental) et s'est laissée prendre à son masque. À partir de Socrate, la pensée s'oppose à la vie en la jugeant et en la dépréciant, ce qui met fin à l'unité présocratique entre la pensée et la vie. En séparant l'essence et l'apparence, Socrate invente la métaphysique et les valeurs supérieures (divin, vrai, beau, bien) qui jugent la vie.
La philosophie de Socrate à Hegel [modifier]
Les vertus du philosophe (législateur) consistent à critiquer les valeurs établies (c'est-à-dire les valeurs supérieures à la vie) et à créer de nouvelles valeurs : marteau et transmutation. Au lieu de cela, le philosophe devient le conservateur des valeurs admises ; d'un poète, il devient professeur public. Il se dit soumis aux exigences du vrai, de la raison ; mais sous ces exigences on reconnaît des forces qui ne sont pas tellement raisonnables : États, religions, valeurs en cours. La philosophie devient le recensement de toutes les raisons que l'homme se donne pour obéir. Le créateur est le contraire du porteur. Créer, c'est décharger la vie, inventer de nouvelles possibilités de vie.
La mort de Dieu apporte un changement (les valeurs qui étaient dans Dieu « descendent » dans l'homme), mais il s'agit toujours de nier la vie, de se soumettre : il ne suffit pas de tuer Dieu pour