L illusion comique
On distingue donc deux pièces (au moins) dans l’illusion comique : la première dont le sujet est la réconciliation d'un père avec son fils ; la seconde qui raconte les amours tragiques de Clindor et d'Isabelle. Il s’agit d’une pièce de théâtre qui en raconte une autre en donnant l'illusion que l'histoire est vraie.
Généralement, le titre d’une œuvre théâtrale informe sur son contenu, ses thèmes et son sens. Corneille, contrairement à ses pièces précédentes, ne se réfère ici ni à un personnage, ni à un lieu. Sa pièce a pour sujet central l’illusion qui est une caractéristique du théâtre, et en même temps, elle appartient au genre comique.
On identifie un triple sens au mot « comique » : la pièce suscite le rire et a un dénouement heureux. Mais rappelons que le mot « comique » n’avait pas alors le sens plus restreint qu’on lui donne aujourd’hui et qu’on pourrait rapprocher de « drôle, amusant ». A cette époque, « comique » désigne initialement ce qui concerne la comédie dans un sens très général : « Qui appartient au théâtre et plus spécialement à la comédie. ». Au XIVe Siècle, le mot « comédie » désigne d’ailleurs n’importe quelle pièce de théâtre, quel que soit le genre auquel elle appartient. « L’illusion comique » pourrait se traduire aujourd’hui par « L’illusion théâtrale. »
Le mot « illusion » peut lui aussi revêtir un triple sens : il y a la fantasmagorie créée par
Alcandre pour Pridamant, il y a le langage trompeur de la pièce, et enfin les quiproquos dus à la mise en scène ambiguë de la pièce dans la pièce à l'acte V.
L’i’nteraction des deux termes, « illusion » et « comique », enrichit encore le réseau de
significations.