L’affrontement entre internalisme et externalisme

Après avoir abordé dans les séances précédentes la question de la structure de la justification, il s’agit maintenant d’examiner la manière dont la justification, et par conséquent le savoir, est liée à la perspective propre au sujet. Le débat entre l’externalisme et l’internalisme concerne ce que l’on pourrait appeler les contraintes d’accessibilité de ce qui justifie au niveau de la perspective du sujet : l’externalisme affirme que la justification n’est pas du tout, ou pas entièrement, soumise à cette contrainte d’accessibilité, alors que l’internaliste restreint au contraire la justification à ce dont le sujet a conscience.

L’internalisme : tout ce qui est pertinent pour la justification de la croyance est cognitivement accessible au sujet.

Version forte de l’internalisme : le sujet est actuellement conscient des facteurs qui justifient sa croyance
Version faible : sans nouvelle information, le sujet pourrait être conscient de cela, par exemple en changeant l’orientation de son attention.

L’externalisme nie simplement cette affirmation.

La plupart des théoriciens soutenant une position externaliste sont, de près ou de loin, liés à l’école fiabiliste, alors que l’une des influences majeures des théoriciens internaliste est une forme de conception déontologique de la justification. Nous allons dans cette séance examiner de manière détaillée les diverses options externalistes et internalistes, pour essayer d’évaluer ces positions, en particulier en ce qui concerne le lien entre la justification et la vérité. En regard de ce que nous avons déjà étudié, on peut dire que la plupart des théoriciens cohérentistes sont des internalistes, de même que les fondationnalistes traditionnels. En revanche, j’avais indiqué que les formes de fiabilisme pouvaient être conçues, à certaines conditions qui semblent satisfaites par la plupart des analyses de ce type, comme des formes de fondationnalisme. Cependant, il