L’allégorie du patrimoine
Françoise Choay, L’allégorie du patrimoine Editions du Seuil, Paris, 1988.
Monument et monument historique Patrimoine historique: fonds destiné à la jouissance d’une communauté élargie aux dimensions planétaires et constitué par l’accumulation d’une diversité d’objets que rassemble leur commune appartenance au passé ; travaux de tous les savoir-faire humains. L’ouvrage porte sur le patrimoine bâti, qui ne cesse de s’élargir : on compte aujourd’hui les constructions dites mineures, vernaculaires, industrielles, ainsi que des ensembles urbains cohérents. Jusqu-aux années 1960, on ne classait pas le patrimoine postérieur à la moitié du XIXe, ex les halles de Baltard, démolies en 1970. Il existe aujourd’hui une commission chargée du patrimoine du XXe. Au Japon, la notion de monuments se fait jour avec l’ouverture Meiji en 1870 ; adoption d’un temps occidental. La première Conférence internationale pour la conservation des monuments historiques est à Athènes en 1931, ne compte que des Européens ; en 1964, à Venise, ajout de la Tunisie, du Mexique et du Pérou. 1979, 80 pays de tous continents signent la Convention du patrimoine mondial. Effets pervers : les dégâts du tourisme (Venise, Kyoto, la vallée des rois), l’inflation patrimoniale engendre des coûts importants, action paralysante sur les grands projets d’aménagement. On continue d’invoquer la nécessité de modernisation pour démolir (Afrique du Nord). On invoque aussi la créativité des architectes modernes (tradition de mélange des styles en France). Les propriétaires veulent disposer de leurs possessions, alors qu’en France on donne priorité à l’intérêt public (contrairement aux USA). Définition du monument. Du latin monumentum, de monere (avertir, rappeler) : ce qui interpelle la mémoire. Un monument est un artefact élaboré par une communauté pour se remémorer ou remémorer à d’autre générations des personnes, évènements, rites ou croyances. Fait vibrer le passé de manière