L’encyclopédie
Création et vocation
Le mot encyclopédie (du grec egkuklopardia) désigne un ouvrage où est exposé, dans l’ordre alphabétique, l’ensemble des connaissances universelles ou spécifiques à un domaine. Le type d’encyclopédie que nous connaissons aujourd’hui est essentiellement le fruit du siècle des Lumières et résulte d’une intention didactique. En effet, la première encyclopédie moderne française est bien l’entreprise éditoriale, philosophique et scientifique menée par Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert dans l'esprit de la philosophie des Lumières. Il parut entre 1751 et 1772. Elle a permit d’établir une remise en question de la société française et à causer de nombreuses « batailles » éditoriales. Nous verrons dans un premier temps en quoi cet ouvrage est un projet éditorial. Puis nous étudierons la stratégie éditoriale. Enfin nous nous interrogerons sur les valeurs que sert l’Encyclopédie.
1. Un projet éditorial
En 1745, l'éditeur Le Breton décide de traduire la Cyclopædia de l'anglais Chambers. Le projet est proposé à Diderot, qui travaille alors comme traducteur. Mais ce travail finit par prendre une toute autre ampleur que celle d’une simple traduction : il aboutit à l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Dès le départ, cela s’annonce comme un travail rédactionnel et éditorial considérable pour l’époque. Diderot s’entoure de nombreux philosophes, chacun occupé à un domaine particulier : D’Alembert s'occupait des mathématiques, Diderot de l'histoire de la philosophie, l'abbé Morellet de la théologie, Buffon des sciences de la nature, Paul-Joseph Barthez (1734-1806) de la médecine, Quesnay et Turgot de l'économie.
Le premier volume est tiré à 2 000 exemplaires. Le Prospectus qui l’accompagne est destiné à engager les souscripteurs, des gens cultivés, comme des ecclésiastiques, des nobles, ou des parlementaires… L’article « Autorité politique » où Diderot attaque la royauté de droit divin lui