L’obsession du mal dans le torrent
Pour plusieurs spécialistes, une des plus grandes nouvelles du terroir québécois est la nouvelle d’Anne Hébert intitulée le Torrent. On y retrouve plusieurs métaphores tissées dans l’ensemble du texte que l’on peut interpréter de différentes façons. Les principales sont : l’éclatement des valeurs traditionnelles, l’isolement causé par l’idéologie terrienne et la dénonciation de l’idéologie religieuse de l’époque. De cette dénonciation on peut en voir découler une autre, soit celle de l’obsession du mal. C’est de celle-ci dont nous ferons l’analyse dans ce qui suit. Il sera d’abord question de l’obsession qu’a Claudine pour le mal, à quel point elle fait tout pour le repousser, ensuite nous verrons l’obsession de François envers le meurtre de sa mère.
En premier lieu, on peut voir que Claudine est vraiment obsédée par le mal, qu’elle ne veut surtout pas voir entrer chez elle, d’une façon ou d’une autre. Le fait que François soit un enfant conçu hors des liens du mariage fait de lui un enfant du mal et elle le lui fait ressentir en le traitant avec brusquerie et sans joie apparente. Elle lui fait la vie dure puisqu’il n’est pas un enfant pur et qu’il lui rappelle son passé de pêché. Elle a pour idée qu’il est sa continuité, comme elle le dit elle-même dans l’extrait de la page 27 disant : « Tu es mon fils, tu me continues ». Par cette idée, elle veut faire de son fils la réparation de son mal à elle. Bien sûr, d’une certaine façon, lorsque le fils aura réparé pour sa mère il aura aussi réparé pour lui, mais Claudine ne le voit pas tant pour lui que pour elle, pour gagner son ciel à elle. Elle veut qu’il « combatt[e] l’instinct mauvais jusqu'à la perfection » (p.26).
Pour Claudine, il faut toujours combattre l’instinct en nous qui est mauvais parce qu’« On n’a pas idée de la force mauvaise qui est en nous » (p.20). Cette notion se répercute dans presque tous ses gestes. Elle prend bien soin de se contrôler, de ne pas céder à