N ont rien a ns apprendre
L’anecdote se passait sur un trottoir de Tunis par une fin d’après-midi ensoleillée. En compagnie de ma femme, nous partions faire un tour. De nature peureuse, et histoire de se rassurer, elle me tenait alors par le bras. Passant notre chemin, nous avons croisé un petit groupe de “barbus” attroupés au coin d’une rue ; et ce n’est qu’une fois les avoir dépassés d’une bonne dizaine de pas qu’un “habbti ydik” (traduisons : Enlève ton bras !) nous fut lancé dans le dos. N’en faisant qu’à ma tête, et malgré l’insistance de ma femme à “laisser tomber”, j’ai alors fait demi-tour pour aller dire deux mots au “donneur d’ordre”. Faisant d’abord savoir au jeune homme qui se tenait face à moi qu’il était sans doute encore imberbe lorsque, étudiant, je passais mes premières nuits dans les commissariats de police ; puis, la discussion s’engageant, je lui proposai calmement de bien vouloir tester sa culture coranique en l’invitant à me relire quelques versets que je lui soumettais –juste me les relire et non pas me les expliquer, c’aurait été trop lui demander-, en faisant bien attention à ne pas se tromper de prononciation (car, je ne vous l’apprends certainement pas chers amis lecteurs, en arabe classique, langue du Coran, l’orthographe d’un mot est soumis à la grammaire, et donc influence par là même la tournure que peut prendre une phrase). Ma petite stratégie d’intimidation a bien fonctionné. Et mon jeune interlocuteur, entendant raison, a préféré faire profil bas. L’incident fut ainsi clos.
Il convient évidemment de faire ici attention à ne pas ramener tout barbu à un extrémiste fou. Un facile raccourci que font beaucoup de gens, et pas que des Occidentaux, et que je refuse d’emprunter. On peut opter pour la barbe simplement par attirance pour le “look barbu” ; comme il serait inconvenant d’assimiler tous nos vieux chibanis à des Ben Laden en puissance au seul motif d’arborer une barbe… L’anecdote ici relatée, rajoutée à un certain nombre