R Trospective Page 5 Et 6
Collection
printemps-été
2015.
Un trompe-l’œil d’incrustations rectangulaires sur une veste droite classique. Taillée dans une épaisse toile de lin, elle est ornée de biais coupés en capucin qui trace de fausses valeurs de coutures, comme s’il s’agissait d’un vêtement à l’envers. Eléments constitutifs de l’assemblage et rarement apparentes, les valeurs de coutures sont ici imitées et ennoblissent la pièce.
Composer
avec ce qui construit le vêtement, valoriser les éléments techniques qui en sont fondateurs, c’est une des valeurs de la marque, qui la rapproche d’autres designers comme Martin
Margiela et Azzedine Alaïa. Le premier allant jusqu’à réutiliser les outils de modélisation dans ses collections, comme la célèbre veste
Stockman.
C’est une démarche radicale, un travail brut de la matière. Alaïa fait de l’assemblage même son ennoblissement ; au lieu d’être cousues endroit contre endroit, les différentes pièces de ce manteau en cuir voient leurs bords se replier sur eux-mêmes en s’enchevêtrant, le fil comme un lacet entre les découpes. Magnifier l’assemblage du cuir l’exempte de tout autre ennoblissement superflu, c’est cet assemblage qui devient l’élément décoratif, la mise en valeur du matériau. Ce travail dans la finition, qui repose sur l’esthétisation de l’assemblage s’inscrit dans une démarche de valorisation des matières et du travail de coupe. Avec une telle pièce, pas besoin d’une doublure ‘cache-misère’ ; le montage est si soigné qu’il suffit comme décor, se doit d’être visible et justifie du caractère luxueux de ce manteau.
Ce chemisier sans manches est construit sur le même principe que la veste étudiée plus haut. Du biais est appliqué en quadrillage sur un volume simple. La torsion du biais apporte structure et mouvement à ce
basique. On sent une volonté de mise en valeur du matériau sans l’alourdir; la popeline en biais ‘tordue’ trace des ondulations nettes, qui texturent la surface du vêtement, c’est un jeu avec la