S engager es ce renoncer a la liberté
L’Agressivité en psychanalyse par Jacques Lacan
(367)Mon savant collègue ayant étudié l’agressivité en clinique et en thérapeutique, il me reste la charge de discuter devant vous si l’on peut en former une notion ou concept tel qu’il puisse prétendre à un usage scientifique, c’est-à-dire à objectiver des faits d’un ordre comparable dans la réalité, plus catégoriquement à établir une dimension de l’expérience dont les faits objectivés puissent être considérés comme des variables. Nous avons tous en commun dans cette assemblée une expérience fondée sur une technique, un système de concepts auquel nous sommes fidèles, autant parce qu’il a été élaboré par celui-là même qui nous à ouvert toutes les voies de cette expérience, que parce qu’il porte la marque vivante des étapes de cette élaboration. C’est-à-dire qu’à l’opposé du dogmatisme qu’on nous impute, nous savons que ce système reste ouvert non seulement dans son achèvement, mais dans plusieurs de ses jointures. Ces hiatus paraissent se conjoindre dans la signification énigmatique que Freud a promue comme instinct de mort : témoignage, semblable à la figure du Sphynx, de l’aporie où s’est heurtée cette grande pensée dans la tentative la plus profonde qui ait paru de formuler une expérience de l’homme dans le registre de la biologie. Cette aporie est au cœur de la notion de l’agressivité, dont nous mesurons mieux chaque jour la part qu’il convient de lui attribuer dans l’économie psychique. C’est pourquoi la question de la nature métapsychologique des tendances mortifères est sans cesse remise sur le canevas par nos collègues théoriciens, non sans contradiction, et souvent, il faut le dire, avec quelque formalisme. Je veux seulement vous proposer quelques remarques ou thèses, que m’ont