t'es beau
Je franchis la porte Saint-Lazare, une trouée au sein de ce rempart qui encercle Avignon et qui la protège, depuis toujours, des invasions barbares, des épidémies et des fortes crues du Rhône, qui d’ailleurs était clément lors de mon séjour.
J’avais amené mes légumes et espérais les vendre à un bon prix en rivalisant avec les fameux marchands italiens, réputés pour leur bagou. Il me fallait trouver la place des Carmes, où l’on m’avait conté que c’était le lieu le plus propice aux affaires.
J’empruntais les petites ruelles qui font le centre de la ville, elles étaient nombreuses et encombrées de détritus en tous genres, d’excréments, de cadavres d’animaux en putréfaction et de boue. Il fallait se faire un chemin au milieu de toute cette saleté. Tout au long de mon chemin, je passais devant de nombreuses églises où se rendait une foule de pénitent et moines qui portaient la tonsone et qui se distinguaient par leurs robes de burre.
Il régnait dans cette ville une activité humaine qui faisait penser à une fourmilière. Il y avait une véritable agitation : les gens se bousculaient tant ils étaient nombreux au sein des ruelles.
Les gens riaient, discutaient, les marchands italiens criaient pour attirer les acheteurs. Le son des cloches des églises venait se rajouter à cette cacophonie. C’était le lieu privilégié d’échanges, aussi bien commerciaux que sociaux.
Quand mon étal de légumes fut épuisé, je réunis mes paniers et décidais de rentrer chez moi. Sur ma route, je passais devant un quartier tenu à l’écart et dont la population se distinguait par le port d’un chapeau ou d’un bout de tissu jaune cousu sur leur habit. Je demandais à un passant pourquoi ces gens vivaient à part et il me répondit qu’ils étaient juifs, tout en continuant son chemin.