v hugo
1. Le décor et les personnages
Le lecteur est plongé dans une chambre mortuaire familiale et intime. Cette intimité est soulignée par les contrastes avec les autres décors mentionnés dans ses souvenirs (« le bois », « les ruisseaux », « les forêts », « les arbres ») et la perspective du « ciel ». Hugo joue sur des effets de luminosité pour créer une atmosphère émouvante : la « lueur des deux chandeliers » (l. 40), « dans l’ombre » (l. 44), « nuit sans étoiles et profondément obscure » (l. 43).
Les attitudes des personnages prennent aussi une valeur symbolique : « mets-toi à genoux » (l. 22), « tombèrent à genoux » (l. 37), « couvrir ses mains de baisers » (l. 42), « têtes bien-aimées, que je mette mes mains dessus » (l. 36). Les gros plans sur les « mains augustes », la « face blanche » et les visages « étouffés de larmes » du jeune couple ont un fort pouvoir émotif. Ce sentiment est accentué par les oppositions entre la jeunesse du couple et la vieillesse et l’agonie du héros, entre malheur et bonheur, entre passé et présent, symbolisés par les « mains rouges » de Cosette enfant et les « mains blanches » de Cosette adulte.
La scène baigne dans une atmosphère religieuse : elle est dominée par la figure tutélaire de Dieu qui « est là-haut ». Le champ lexical et les éléments de la religion parcourent tout le texte : « bénis » (l. 34), « tombèrent à genoux » (l. 37) ; les « chandeliers » sont un rappel des chandeliers que Jean Valjean a reçus de l’évêque qui l’a hébergé à sa sortie du bagne au début du roman ; l’« ange » et la mention de « l’âme » terminent le roman sur une note mystique.
2. Le discours testament d’un mourant
La situation d’énonciation contribue à créer l’émotion : Jean Valjean implique ses « enfants » par des indices personnels répétés (du « tu » au « vous » appuyé d’un respectueux et amusé « mademoiselle »). Il les apostrophe en utilisant des appellations chargées d’affection : adjectifs possessifs (« mes