W ou le souvenir d'enfance

1744 mots 7 pages
W ou le souvenir d’enfance Le thème du génocide n’est pas abordé de suite. Si nous comprenons assez vite que deux textes indépendants l’un de l’autre semblent cohabiter, nous nous demandons ce qui peut bien les unir, aucun lien évident ne nous sautant aux yeux. Ainsi passe-t-on du premier au second sans transition ; celui en italique est une fiction, tout ce qu’il y a de classique en apparence, au cours de laquelle le narrateur nous maintient dans une sorte d’intrigue mystérieuse. Le deuxième récit est autobiographique. L’auteur tente à partir d’un bien piètre matériau, quelques photos jaunies et de confus souvenirs, de restituer la trame de sa petite enfance. Il faut voir avec quel acharnement Perec cherche à remédier à la défaillance de sa mémoire dépourvue de repères tangibles en se raccrochant à d’anodins clichés, qu’il décrit dans les moindres détails, comme si ces instantanés allaient lui délivrer de précieux secrets à propos de cette période oubliée. Il y a même un côté pathétique dans cette quête laborieuse, mais sans le larmoiement. L’orphelin ne se plaint pas, à aucun moment il ne scande la mort scandaleuse de sa mère dans un camp de concentration. Aux cris de douleur, il préfère le non-dit ; c’est moins spectaculaire mais tout aussi efficace.
En fait, c’est un livre sur l’effacement. Les parents du petit Georges disparaissent du jour au lendemain, et il va falloir vivre avec cette béance, la remplir de mots encore et encore. Le garçonnet avec des grandes oreilles décollées, comme Perec se présente lui-même non sans humour et avec une pointe d’humilité, trouvera dans l’imaginaire de quoi alimenter sa fringale de représentations graphiques et littéraires. Ainsi, en reprenant là où il avait laissé à l’adolescence la fiction sur laquelle il brodait ses chimères, l’adulte a découvert un autre moyen de se replonger dans son transparent passé, le rendant cette fois plus opaque grâce à une autre description méticuleuse, celle de W, micro-univers insulaire

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