La question des conditions de la conscience intime du moi est sujet de désaccords chez les philosophes. « Il y a certains philosophes qui imaginent que nous avons a tout moment la conscience intime de ce que nous appelons notre moi […] et que nous sommes certains de son identité et de sa simplicité parfaite ». Hume ne partage pas cet avis et nous propose son propre point de vue sur la question dans son Traité de la nature humaine (1740). Nous allons donc en étudier un passage pour mieux comprendre sa position. Hume dit, « quand je pénètre le plus intimement dans ce que j’appelle moi, je bute toujours sur une perception ». A travers cette phrase, Hume exprime l’idée qu’en essayant d’atteindre son moi intérieur, il ne peut contourner ces perceptions. L’idée d’un moi d’une simplicité parfaite, d’un moi isolé est pour Hume une erreur. Il dit « Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment sans perceptions » car à chaque instant, nous percevons les multiples choses qui nous entourent (couleurs, formes, émotions, douleurs…), nous ne pouvons être conscient du monde extérieur sans ne rien percevoir. Dès nous pouvons percevoir notre moi, que nous en avons conscience, nous percevons au même instant le monde extérieur. Le moi n’est donc, pour Hume, jamais accessible seul, il n’y a pas de moi isolé car il s’accompagne toujours de perceptions. Si je ne perçois en rien le monde extérieur alors je ne peux me percevoir moi-même, je n’ai plus conscience du moi, il n’existe plus. Voilà ce que signifie la phrase de Hume, « quand mes perceptions sont écartées pour un temps, comme par un sommeil tranquille, aussi longtemps je n’ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n’existe pas». La position de Hume est donc que lorsque j’ai conscience de moi, je perçois, et lorsque je ne perçois rien, le moi n’existe