Économie
DOSSIER
Le chômage des diplômés au
Maroc : quelques réflexions sur les dispositifs d’aide à l’insertion1
par Mohammed Bougroum et Aomar Ibourk
L’intervention publique devient indispensable pour rapprocher l’offre et la demande sur le marché du travail « qualifié » marocain. Cette première évaluation du programme « Action-Emploi » montre d’une part, que la logique fondatrice de ce dispositif d’aide à l’insertion est réductrice de la réalité du chômage des diplômés ; et d’autre part, que l’activité de l’intervenant public n’est pas neutre.
La politique d’ajustement structurel, mise en place au
Maroc au début des années 1980, a précipité la rupture de l’équilibre fragile qui prévalait sur le marché du travail des diplômés, lauréats de l’enseignement supérieur2. Le désengagement progressif de l’État en tant qu’employeur des diplômés, conjugué à l’augmentation rapide de l’offre expliquent l’apparition et la persistance du chômage des diplômés3. La croissance rapide de ce phénomène a poussé les pouvoirs publics à s’impliquer activement en matière de poli
1 Les auteurs remercient les référés de la revue Formation Emploi pour leurs remarques qui ont permis d’améliorer la version initiale du papier. Ce travail a bénéficié de l’appui financier de la coopération franco-marocaine (AI 244/00) et du programme PARS (Projet
Eco 10).
2 La catégorie des « travailleurs diplômés » a évolué en fonction des critères utilisés par les pouvoirs publics dans la détermination des populations ciblées par les dispositifs d’aide à l’insertion. À l’heure actuelle, cette catégorie regroupe les titulaires d’un diplôme de niveau supérieur ou égal à « bac+2» alors qu’auparavant elle incluait également les bacheliers.
3 En 2001, le taux de chômage en milieu urbain des lauréats de l’enseignement supérieur s’élève à 26,3 % contre 11,8 % pour les non-diplômés (Direction de la