Écrit sur le carnet de bord
J'ai ressenti le besoin d'écrire tout au long de mon parcours de stage et pour moi, le carnet de bord est l'outil le plus précieux de l'éducateur, des "éducateurs en germination".
A mes yeux, un des interêts principal de ce journal est son rapport au temps.
Le temps de l'écriture:
Sur mon premier lieu de stage, j'ai bénéficié de nombreux temps où je pouvais m'extraire du quotidien de la structure pour écrire, ces temps ponctuaient mon quotidien.
Sur mon second stage, happée par le flux continu des arrivées et départs, sollicitée continuellement par les personnes accueillies, je n'avais pas de moments, dans la journée de travail, consacrés à l'écriture. La vie dans la maison fourmillait de moments inattendus, significatifs, d'interractions symptomatiques, de paroles qui révélent et témoignent. Je saisissais au vol la richesse inouie de ces instants, mais mon inquiétude principale était de ne pas m'en souvenir, une fois arrivée chez moi. Un mot pouvait en remplacer un autre, un événement nouveau pouvait mobiliser mon attention au détriment de ceux déjà passés, un détail pouvait, une fois remarqué, se perdre dans ma mémoire. Tout au long de l'accueil, je tentais de noter furtivement sur des petits bouts de papiers, sous la forme de mots-clés tout ce qui m'avait interpelé. Je prenais soin de le faire de manière discréte, pour ne pas laisser penser aux personnes accueillies que je notais tous leurs faits et gestes, avant de les mettre dans ma poche ou dans mon sac. Mes carnets se sont donc vus envahis de petits bouts de papiers et une fois chez moi, je dévellopais en contextualisant et en décrivant. Je n'ai jeté aucun de ces "bouts de vie" saisis sur le fil et en les relisant, instantanément le souvenir me revient.
Evidemment écrire contribuait à mon équilibre. Mettre sous tiret ne suffisait pas, il fallait rédiger véritablement et être à la hauteur des moments vécus. Le temps de l'écriture, après une journée de travail, je le ressentais