Éducation spécialisée ou accompagnement
Aujourd’hui, dans tous les secteurs d’activité, l’identité et la professionnalité passent par une structuration au sein de catégories d’action qui soient lisibles par un public non initié aux subtilités techniques d’un métier. Dans l’action sociale, les catégories dans lesquelles s’intègrent les actes professionnels –en particulier dans un secteur aussi mal balisé que l’est celui où exercent les éducateurs spécialisés- révèlent, on va le voir, un enjeu identitaire fort pour cette jeune profession. En particulier, la catégorie qui nous semble la plus en question aujourd’hui est celle de l’éducation spécialisée, la plus visible au cours des décennies 70 - 90, aujourd’hui apparemment « rattrapée », du moins dans le langage, par celle d’accompagnement, désormais très présente dans toutes les bouches et dans tous les projets, au point d’être parfois préférée à la première de façon paradoxale. Il est donc utile de procéder à une analyse de cette évolution, de voir en quoi elle peut être signifiante -ou limitante- et de brosser les grandes lignes d’un cadre conceptuel permettant aux professionnels de s’y repérer. 1. Retour sur un changement qui n’en a pas fini de bouleverser ce secteur Le modèle de l’Education spécialisée, dont on analysera plus loin les ressorts, est atteint par un risque de dépérissement sémantique qui n’est pas le fruit du hasard. En quoi ce modèle est-il atteint aujourd’hui par les évolutions du secteur ? Nous observons un triple mouvement de fond : - Le fait, encore récent, que le public considéré a changé, sous la double pression de la société et de la commande publique. Autrefois majoritairement constitué d’enfants et d’adolescents, handicapés ou dits « inadaptés », qu’il s’agissait d’éduquer, voire de rééduquer, vers une part plus importante d’adultes (handicapés notamment, mais également ceux qui sont