La narration dans Zazie dans le métro ne respecte pas les conventions du roman réaliste. En effet, le narrateur n’est pas omniscient et ne dévoile pas au lecteur l’intégralité des actions des personnages. Certaines descriptions sont simplifiées ou cachées à l’aide de didascalies et empêche le lecteur de se faire une image juste de la scène. Ici, la didascalie est insuffisante pour comprendre la portée du geste : « La vérité! s’écrie Gabriel (geste), comme si tu savais cexé.»(p.16, ligne 4) Était-ce un geste avec les bras ou avec les jambes? Signifie t-il l’exaspération du personnage ou sa frustration? Le verbe «s’écrier» et le point d’exclamation sont des repères pour situer la signification du geste, mais ne sont pas suffisants pour se faire une idée précise du mouvement de Gabriel. L’effet est encore plus fort dans cet exemple-ci, puisqu’il est absolument impossible de savoir ce que désigne la serveuse : «- Pourquoi vous en avez pas? demande Zazie à la serveuse.
-Ça (geste).» (p.17, ligne 23)
L’explication pour laquelle il n’y a pas de «cacocalo» dans le restaurant reste un mystère pour le lecteur. Le pronom démonstratif «ça» ne nous permet que d’apprendre qu’il y a bel et bien une raison. La didascalie attise notre curiosité et laisse libre cours à l’interprétation. En outre, dans son roman, Queneau n’enchaîne pas les événements de façon linéaire. Il y a à plusieurs reprises des sauts brusques dans la narration. Dans cette scène, Charles et Laverdure sont dans le bar, tandis que Gabriel est chez lui. Soudainement, sans aucune indication, Charles se retrouve avec Gabriel :
« -Tu cause, dit Laverdure, tu causes, c’est tout ce que tu sais