État et reproduction soclale au maroc : le cas du secteur public
ÉTAT ET REPRODUCTION SOCLALE AU MAROC : LE CAS DU SECTEUR PUBLIC
Driss BEN ALI
Pays de paradoxes ayant échappé pendant longtemps à des généralisations sur les pays du Tiers-Monde, le Maroc fait figure d'exception par la forme et la nature de son Etat. En effet, cette superstructure spécifique et apparemment traditionnelle appelée Makhzen, non seulement elle symbolise la continuité historique en perpétuant la tradition, mais elle intègre la modernité en acceptant certaines transformations. Dans cette optique, le Makhzen qui puise ses références dans le passé, tente de s'approprier le statut de garant séculier de la société en annexant l'économique considéré comme nouvelle problématique sociale légitime. De cette manière, il est en train de jouer le rôle d'éveilleur de la société civile tout en se donnant les moyens de digérer les mutations qu'elles générent. Ces dernières, au lieu de provoquer des bouleversements dans l'appareil politico-idéologique, semblent, au contraire, le renforcer. C'est que la reproduction sociale, dans sa globalité, malgré les mutations qui s'y opèrent et qui connaissent dans certains domaines (exode rural, urbanisation, industrialisation, développement de la classe moyenne etc.) un rythme accéléré, demeure maîtrisée ou au moins contrôlée par 1'Etat. Celui-ci emploie sa stratégie à occuper tout l'espace politique en monopolisant l'initiative et en ne laissant B l'immense majorité de la classe politique qu'un domaine taillé selon ses besoins. De cette manière, le Makhzen apparaît comme le seul acteur capable de formuler des objectifs globaux et de coordonner ses moyens d'action. Cette volonté du Makhzen de s'assurer le contrôle de la reproduction sociale n'a pu aboutir que parce que l'économie suivait parallèlement, une économie constituée organiquement autour de la matérialité de l'Etat et marquée par les spécificités inscrites dans son historicité. En empêchant