Lorsqu’on interroge Jean Giraudoux sur sa définition du tragique, celui-ci répond que c’est pour lui un événement pathétique causé par une fatalité le plus souvent d'ordre surnaturel. Cette vision de la tragédie est tout à fait appréciable dans ses actualisations théâtrales de tragédies antiques comme Electre, mythe de la famille des Atrides, qui fut jouée dès 1937 lors de l’exposition universelle.
En quoi l'entracte d'Electre est il novateur pour une pièce d’inspiration antique ? Tout d'abord, ce lamento est à la fois traditionnel et moderne. Dan un second temps, le jardinier est un homme du peuple épris d’une solitude pathétique.
A l'origine, le lamento est un morceau de musique exprimant la tristesse, il est utilisé par Giraudoux qui lui donner des touches de modernité tout en gardant un aspect traditionnel. Le lamento du jardinier se situe entre deux actes, ainsi le jardinier est démis d’indications spatiotemporelles et se trouve seul devant le rideau. Cela fait réfléchir le spectateur qui se demande : est ce donc l’acteur ou bien le personnage qui est en train de témoigner ? Ainsi le jardinier nourrit cette ambigüité par ses premiers propos métaphoriques ouvrant le lamento : « Je ne suis plus dans le jeu ».Par cette phrase, le jardinier s’adresse directement aux spectateurs, action réitérée plusieurs fois lors de brèves propositions impératives : « Ecoutez…Merci » laudatives : « Merci d’être là ». Le jardinier peut tout à fait être comparé au Coryphée de la tragédie grecque : en somme le Coryphée, chef du chœur antique, se situe lui aussi au milieu de la pièce de laquelle il se détache pour s’adresser aux spectateurs. Dans ce lamento ,