Être artiste dans l'europe du premier 17e
L’Europe du premier XVIIe siècle est profondément marquée par l’influence de la reconquête catholique, celle-ci s’exprimant dans de nombreux domaines dont l’art, porté par un mouvement né en Italie en 1600 : le baroque. Le baroque est un art qui évoque l’excès et s’oppose à l’ordre et à la raison qui prévalaient lors de la période classique. Il est donc art du spectacle, ostentatoire, parfois éphémère. Indissociable des changements que connaît l’Église romaine après le concile de Trente, il se doit de célébrer le triomphe d’une Église redevenue sûre d’elle-même. Toutefois, il n’est pas reçu de la même façon à travers l’Europe: si l’Espagne catholique y est très réceptive, la France y est plus réticente et le mêle de classicisme. L’Angleterre puritaine y reste, de même que les Provinces Unies, principalement fermée. Enfin, le Saint Empire ne la voit s’épanouir que dans la seconde moitié du siècle. L’artiste, dans cette Europe de la Contre-Réforme, est le détenteur d’une technique, d’un savoir-faire: on ne lui demande pas tant une créativité qu’une simple habileté. Les artistes, qui voient dans ce statut une minoration de leurs talents, vont chercher à s’élever dans cette société. En quoi l’artiste du premier XVIIe siècle, qui souhaite s’émanciper de la condition d’artisan qui était sienne jusqu’alors, est-il à la fois intégré à la société et en marge de celle-ci ? Afin d’y répondre, on verra que l’artiste est à la fois le produit des siècles passés et celui des voyages, qu’il répond et est conditionné par une conception nouvelle de l’art, ainsi qu’il est à l’origine de tout un imaginaire autour de sa condition.
I. L’artiste au XVIIe, entre influences italiennes et héritage des siècles antérieurs
A. Un artiste hérité du Moyen-âge et de la Renaissance
Le concept d’art, du XIIe siècle jusqu’au classicisme du second XVIIe siècle, repose sur une distinction entre deux types d’arts : les