Газпром
On peut voir l’évolution de Gazprom à travers la chute de l’Union soviétique. On apprend, entre autres, qu’Alexeï Miller, actuel patron de Gazprom, « est un fonctionnnaire correct, un adjoint presque idéal mais […] totalement privé d’esprit d’initiative. Il s’efforce de ne prendre aucune décision qui ne soit sanctionnée d’en haut et est absolument incolore». « Dans les années 90, les gens qui travaillaient chez Gazprom aimaient à dire que leur société était la seule chose qui cimentait le pays ». Dirigé par le tandem Tchernomyrdine / Viakhirev, respectivement Premier ministre et président de Gazprom, le monopole gazier a su retourner complètement la situation en sa faveur, en se dégageant de l’Etat et en se retrouvant en position de force vis-à-vis de lui.
Toutefois, le début des années 2000 marque la fin de l’âge d’or du verrouillage de Gazprom (et donc de l’Etat) par le binôme Tchernomyrdine / Viakhirev. L’arrivée de Poutine est suivie d’une purge au sommet et d’une reprise en main efficace par le Kremlin. L’ouvrage décrit aussi bien la vie des « soldats du gaz », qui vivent au-delà du cercle polaire par -40°, que les orgies alcoolisées des vieux directeurs soviétiques ou les magouilles récurrentes de Gazprom avec l’Ukraine. A noter que, dans le dernier cas, le livre détaille clairement le rôle des différentes sociétés commerciales (Itera, RosUkrEnergo, Eural Trans Gas, etc.), toutes rattachées à des clans aux buts politiques et économiques divergents, dans l’orageux débat russo-ukrainien. Seule critique : l’accumulation de noms d’oligarques tout au long de l’enquête rend le livre dense et relativement lourd pour le lecteur non averti. Considéré comme un « état dans l’Etat », Gazprom pâtit d’une