尤纳瑟尔
Le vieux peintre Wang-Fô et son disciple Ling erraient le long des routes du royaume de Han. Ils avançaient lentement, car Wang-Fô s'arrêtait la nuit pour contempler les astres, le jour pour regarder les libellules. Ils étaient peu chargés, car Wang-Fô aimait l'image des choses, et non les choses elles-mêmes, et nul objet au monde ne lui semblait digne d'être acquis, sauf des pinceaux, des pots de laque et d'encres de Chine, des rouleaux de soie et de papier de riz. Ils étaient pauvres, car Wang-Fô troquait ses peintures contre une ration de bouillie de millet et dédaignait les pièces d'argent. Son disciple Ling, pliant sous le poids d'un sac plein d'esquisses, courbait respectueusement le dos comme s'il portait la voûte céleste, car ce sac, aux yeux de Ling, était rempli de montagnes sous la neige, de fleuves au printemps, et du visage de la lune d'été. 老画家王佛和他的弟子林在汉王国的通衙大道上浪游。他们慢慢地朝前走着,因为王佛时常要停下来,白天端详蜻蜓,晚上仰观星辰。他们的行囊轻便。因为王佛爱的是物体的形象而不是物体本身。对画家说来,世界上除了画笔、墨瓶、漆罐、绢卷和宣纸以外、似乎再没有别的什么东西是值得占有的了。他们十分贫困因为王佛鄙视银钱,只用他的画来换取一顿小米粥充饥。他的弟子林背着一个装满了画稿的口袋,躬腰曲背,必恭必敬,好象他背上负着的就是整个苍穹,因为在他看来,这只口袋里装满了白雪皑皑的山峰,春水滔滔的江河和月光皎皎的夏夜。
Ling n'était pas né pour courir les routes au côté d'un vieil homme qui s'emparait de l'aurore et captait le crépuscule. Son père était changeur d'or ; sa mère était l'unique enfant d'un marchand de jade qui lui avait légué ses biens en la maudissant parce qu'elle n'était pas un fils. Ling avait grandi dans une maison d'où la richesse éliminait les hasards. Cette existence soigneusement calfeutrée l'avait rendu timide : il craignait les insectes, le tonnerre et le visage des morts. Quand il eut quinze ans, son père lui choisit une épouse et la prit très belle, car l'idée du bonheur qu'il procurait à son fils le consolait d'avoir atteint l'âge où la nuit sert à dormir. L'épouse de Ling était frêle comme un roseau, enfantine comme du lait, douce comme la salive, salée comme les larmes. Après les noces, les parents de Ling poussèrent la discrétion