La Bête Humaine

par Emile Zola

Pecqueux

Âgé de quarante-trois ans, il est le chauffeur de Jacques, c’est-à-dire qu’il alimente la locomotive en charbon pendant que le mécanicien conduit. Il est l’époux de la mère Victoire, ancienne nourrice de Séverine, et entretient une liaison avec Philomène Sauvagnat au Havre. C’est un noceur, un ivrogne, dont l’alcoolisme a freiné la carrière. Il a pour Jacques, de presque vingt ans son cadet, un dévouement total, jusqu’au jour où le mécanicien a la sottise de céder aux avances de Philomène. Pecqueux, fou de jalousie, laisse grandir sa fureur qu’il arrose à grands coups d’alcool. Un soir, au tout début de la guerre contre la Prusse, alors que les deux hommes conduisent un train chargé de soldats qu’on envoie au front, Pecqueux pousse les feux de la locomotive, malgré l’ordre formel de Jacques. Les deux hommes en viennent aux mains et chutent sous les roues de la locomotive qui les broie : ils « furent coupés, hachés, dans leur étreinte, dans cette effroyable embrassade, eux qui avaient si longtemps vécu en frères. »