L’argumentation de Voltaire dans le Traité sur la tolérance est, sous l’angle de la forme qu’il choisit, hétéroclite. Ainsi, on passe du rappel historique à l’analyse juridique ; on découvre tour à tour un pamphlet et une étude socio-anthropologique. Le ton varie ; seul le message reste le même. Voltaire invite d’ailleurs le lecteur à faire preuve de tolérance envers son livre informe.
« J’ose supposer qu’un Ministre éclairé et magnanime, un Prélat humain et sage, un Prince qui fait que son intérêt consiste dans le grand nombre de ses sujets, et la gloire dans le bonheur, daigne jeter les yeux sur cet écrit informe et défectueux ; il y supplée par ses propres lumières, il se dit à lui-même, Que risquerai-je à voir la terre cultivée et ornée par les mains les plus laborieuses, et les tributs augmentés, l’État plus florissant ? »
L’un des changements de ton intéressants dans l’œuvre est notable entre le rappel historique de l’affaire Calas et le « Post-scriptum » (chapitre XXIV). Tandis que le rappel est présenté sur le ton d’un réquisitoire contre une justice qui a livré u