Carnavalesque Bakhtine

quelles solutions elles proposent. Pour ce faire, je vais d'abord aborder les différents genres exploités dans ces œuvres et la manière dont ils sont parodiés ou utilisés comme véhicule d'une idéologie, pour ensuite traiter de la notion de carnavalesque et terminer avec les solutions proposées, dans ces trois œuvres, aux problèmes qu'elles dénoncent. En premier lieu, les œuvres dont il est question ici, par leur habile mélange des genres, ne s'arrêtent pas à décrire une réalité univoque et

Dialogisme Le dialogisme, souvent associé à la polyphonie, est un concept développé par le philosophe et théoricien de la littérature Mikhail Bakhtine dans son ouvrage Problème de la poétique de Dostoïevski. Pour Bakhtine, le dialogisme est l'interaction qui se constitue entre le discours du narrateur principal et les discours d'autres personnages ou entre deux discours internes d'un personnage. Grâce à ce procédé, l'auteur peut laisser toute la place à une voix et une conscience indépendantes de

Vêtue d’un costume d’Arlequin, Aléfa faisait irruption dans le salon bourgeois, le remplissait de son gros rire et le transformait en place publique où, sous le regard fasciné de Livie, simultanément à la soirée mondaine et la parodiant, une fête carnavalesque commençait à se dérouler. Dans le "monde à l’envers" dans lequel Livie était ainsi précipitée, l’ordre bourgeois, ses hiérarchies et ses valeurs n’avaient plus cours. Aussi la jeune femme pouvait-elle enfin voir clair dans son cœur et discerner

européens11. Et s'il ne s'agissait pas de cet «art assez récent» de la caricature, mais bien d'une forme de représentation grotesque plus ancienne, enracinée dans la culture populaire? C'est une piste de lecture que suggèrent les travaux de Mikhaïl Bakhtine dont plusieurs portent sur une imagerie ambivalente comparable à celle qu'Oyono produit dans ses romans. Peut-être pourra-t-on en effet découvrir le secret du «double 9. Mathieu François Minyono-Nkodo, op. cit., p. 175. 10. Ibid., p. 181. 11

fin de deux bavardes impénitentes. Façon d’intégrer le lecteur en supposant qu’il pourrait tenter « d’élargir avec les dents » le sphincters de Gargamelle, comme le diable a fait de son parchemin, contribue au gros comique du texte. Un comique "carnavalesque", dans lequel Rabelais réutilise la culture médiévale populaire, mais lui donne une ampleur inégalée par la force de son imagination et par sa maîtrise des différents langages, mélange entre lexique médical donc savant et familier. Le comique est

cette interrogation en montrant le réalisme grotesque, l’intertextualité et les diverses transgressions que cette œuvre véhicule. Dans cette partie, nous montrerons que Le Procès véhicule comme élément Post-moderne, le réalisme grotesque ou carnavalesque. Le réalisme grotesque est la représentation d’un monde sens dessus dessous, un monde absurde, un monde de l’absurde. L’absurde est omniprésent dans Le Procès. Ce roman présente en effet l’imprésentable : Joseph k., fondé de pouvoir dans une agence

corps à la plainte individuelle qu’elle socialise, tout comme le banquet funèbre, par sa convivialité, triste ou non, rappelle à l’abandonné qu’il n’est pas vraiment seul. L’essentiel du travail de Bakhtine consistait à suivre dans le domaine littéraire les éventuelles résurgences du courant carnavalesque médiéval, bientôt endigué, canalisé, tari. L’association de la mort et du carnaval semble avoir trouvé sa forme écrite la plus fréquente à l’époque romantique, avec le poncif du carnaval tragique

Dysfonction/carnavalisation Dans la phase de marge de son rite de passage, le condamné sera exposé à ce que nous pourrions appeler une irruption carnavalesque à l’intérieur de la prison. Considérée dans son sens large, le milieu carcéral est effectivement un univers parallèle à la réalité extérieure, comme l’est au fond tout carnaval ― celui-ci donnant lieu, pour reprendre les réflexions de Bakhtine sur le carnaval médiéval, à une « dualité du monde7 ». Il possède son propre fonctionnement, son ordre, ses règles, sa structure

être présent dans la littérature fantastique (Le nez, Gogol - transposé en opéra) Bakhtine évoque le carnavalesque. Le carnaval est le moment où l’on renverse l’ordre des choses. Pendant un laps de temps, on permet ce renversement pour qu’il dure par la suite (en fait). Le réalisme socialiste (Lady Macbeth de Mzensk) L’humanisme rompt avec le Moyen-Age, on redonne sa place au corps. Finalement, Bakhtine fait du grotesque non pas une simple fresque esthétique mais également une culture,

contraste provoqué par deux sentiments ou deux catégories esthétiques opposés ; pour l'adoucir, ils le dissolvent dans un emploi adjectival du mot. Ils le rapprochent par exemple du fantastique et d'E. T. A. Hoffmann, citent Bakhtine avec ferveur pour assimiler le grotesque au carnavalesque, l'amalgament avec l'absurde à propos de Wolfgang Kayser, le confondent avec le burlesque et pensent à Jarry, ou encore se tournent vers Gadda qui, grâce au mélange baroque des dialectes et à l'expressivité « macaronique