Le Conflit Racinien

son rôle auprès de Britannicus et de Néron est pure fiction puisqu'il existait bien une Junia Calvina, de la famille d'Auguste. Mais, s’il est le seul qui déroge à l'Histoire, il est aussi le seul qui structure la pièce d'une façon racinienne en introduisant un conflit passionnel dans les rapports de force en présence. La passion de Néron pour Junie, amoureuse de Britannicus, est à l'origine de la tragédie et c’est son enlèvement qui déclenche l'action dramatique. L'enjeu politique n'est pas écarté

l'humiliation acceptée, la jalousie attisée par la lucidité, l'imagination du bonheur des autres, le délire de persécution. Amante jalouse et cruelle, elle illustre bien l'amour-haine : deux attitudes voisines sinon simultanées chez le personnage racinien. Aussi les grands moments de la tragédie, où on peut voir une oeuvre freudienne, sont-ils les scènes où s'exprime cette passion : tout un acte (l’acte II) est rempli d'aveux amoureux, pudiques chez Aricie, gauches chez Hippolyte, délirants chez

lexical de l’amour ; « jalousie »(501), « aimé »(503), « je vous aime »(514), « mon cœur »(515), « mon amour »(523) ; « malheureusement Célimène esquive sa déclaration ; « un aveu de la sorte a de quoi vous suffire » Bérénice est une tragédie racinienne ,écrit en 1670, où sentiments passionnés, valeur du devoir et méditation sur l’importance entre l’amour ou les raisons d’états, se mêlent lors de la journée où Titus va se séparer de Bérénice. L’étude de la passion amoureuse se considère

d’Horace, est fiancée à Curiace, un frère de Sabine. Mais une guerre fratricide éclate entre Rome et Albe : les trois frères Horace et les trois frères Curiace sont désignés pour se battre en combat singulier afin de déterminer le peuple vainqueur de ce conflit. C’est Rome qui triomphe : Horace tue les trois Curiace. À son retour à Rome, Camille, la sœur d’Horace, lui reproche d’avoir tué l’homme qu’elle aimait. Horace la tue et le procès qui s’ensuit est un plaidoyer du vieil Horace (le père d’Horace) :

de présenter l'un « assis dans une certitude boudeuse » (Ubersfeld), l'autre « debout auprès de lui » (Ubersfeld). C'est là bien le talent d'un metteur en scène d'analyser le texte et de le monter avec sa propre perception. De même, les pièces raciniennes limitent les indications sur le comportement des personnages à leur strict minimum : prenons par exemple Bérénice. Dans cette tragédie, à l’acte IV, scène 5, lorsque Titus et Bérénice se déchirent car Titus est partagé entre son devoir d’empereur

et se démarque de ses contemporains par les grands sujets,l’héroïsation d’un personnage historique et le conflit entre la passion et la gloire. le héros est un être fier, guidé par la recherche de la gloire, qui est une forme passionnée de l'honneur. Le héros cornélien a une haute idée de ce qu'il est et de ce qu'il se doit. Il aspire à la plus complète réalisation de lui-même le conflit qui déchire le héros cornélien traduit les obstacles qu'il rencontre sur le chemin de la grandeur. Il ne pourra

la charité chrétienne, bien que paradoxalement doté d'un certain sens de l'honneur (dernière réplique de la scène II de l'acte III) ; Matérialisme : libertin, athée, il ne se repent jamais, même plongé dans les flammes de l’enfer ; Pouvoir et conflit : violence verbale et parfois physique, menaces, refus de la contrainte, abus du pouvoir de séduction, abus du pouvoir de sa position sociale. HISTOIRE : L'Histoire de France au XVIIe siècle est marquée par l'apogée du pouvoir royal, qui devient

peut expliquer par la aussi que cette pièce ne figure pas parmi les plus jouées de Racine. Par le nombre de représentations à la Comédie Française, elle vient en sixième place au XVIII siècle, en cinquième aux XIX et XX. Soit 6 % de la production racinienne. Et pourtant pour son adieu à la scène, Racine n’hésite pas à recourir à la théâtralité. Je suis tenté de vous citer, pour clore ce chapitre, le commentaire de Raymond Picard dans la notice de la Pléiade: « Ainsi, sans qu’on ait peut-être pu s’en

spectateur se représente lui-même, visualise parfaitement, cette scène d’horreur. II. La structure d’une pièce de théâtre : Une pièce de théâtre suit la progression suivante : - la scène d’exposition ; - le nœud dramatique : c’est une série de conflits et d’obstacles qui empêchent la progression de l’action. Celle-ci est alors ponctuée de : - péripéties : renversements de situation, suite à l’intervention d’éléments extérieurs ; - coups de théâtre : renversements brutaux de situation ; - quiproquos

constater, tristement, qu'il est passé dépassé. En effet, l'auteur fêté est désormais Racine. Alors que Corneille présente des héros admirables par leur grandeur d'âme, Racine émeut et accable en soulignant le tragique de la condition humaine héros racinien est prisonnier d'une destinée cf Phèdre, là où le public trouve davantage de vérité dans cette nouvelle image de l'homme. Or dès lorsqu’il termine sa vie dans une retraite pieuse, on montre ses pièces à Paris et