1914-18: La vie quotidienne
La vie quotidienne
Les premiers avis de décès ne tardent pas à s'afficher. La guerre tue. À la campagne, les femmes se retrouvent seules pour faire les moissons. « Les labours d'automne seront négligés. Les terres à blé deviennent des prairies et l'élevage gagne du terrain », souligne l'historien pyrénéen José Cubéro. Le paysage se transforme.
Dans les villages du Sud-Ouest, les paysans et les instituteurs sont partis au front. Les chevaux ont été réquisitionnés. « Nous allions dans les champs, tout le monde travaillait car les hommes étaient partis. Il ne restait que les pauvres vieux ou mères de familles qui avaient trois ou quatre enfants à élever », se souvient cette aïeule aveyronnaise.
Les femmes, vêtues de longues robes noires, économisent sous par sou pour envoyer des colis aux soldats. Dans un village de Lot-et-Garonne, Toinette expédie des pâtés à l'officier du régiment où son mari a été affecté, dans l'espoir que l'époux soit muté loin du front.
Depuis les tranchées, précisément, des poilus donnent des consignes à leur épouse par lettres. Cet agriculteur de Saint-Alban, dans le Tarn, s'inquiète… pour sa jument, « Il faut la faire travailler », et pour les travaux : « Vous me dites que vous n'êtes pas en retard, mais vous ne me dites pas les sacs d'avoine et de blé que vous avez semés ».
Il faut ravitailler le front. En vêtements, ce qui fait travailler les gantiers de Millau ; en vin, ce qui réjouit les marchands, accusés d'être des « profiteurs », rappelle l'historien toulousain François Bouloc. À Pamiers, dans l'Ariège, Fumel dans le Lot-et-Garonne, Tarbes dans les Hautes-Pyrénées, les usines tournent les obus. En 1915, Toulouse devient l'une des principales villes d'armement de l'arrière.
Les femmes sont recrutées, et on les appelle les « munitionnettes ». Mais aussi des chômeurs, des Espagnols, des soldats annamites (indochinois)…
La tranchée, c’est l’endroit où le soldat passe le plus de temps. Ce sont des chemins de bataille