Du fantastique maupassantien: la femme surnaturelle Noëlle Benhamou armi les récits fantastiques de Maupassant, ceux qui font intervenir des célibataires en proie à des phénomènes paranormaux mettent en scène la femme surnaturelle et mêlent ainsi désirs et obsessions érotiques et inquiétante étrangeté. A travers un corpus de dix contes qui évoquent des amours étranges, nous verrons que le motif de la femme – essentiel à l’œuvre de Maupassant – associé au fantastique permet de souligner la proximité permanente du fantastique et du réalisme. Ces écrits ancrés dans le quotidien unissent les fantasmes érotiques masculins d’une époque et l’angoisse de la mort qui opèrent un subtil glissement de la passante à l’apparition, du rêve à la réalité, et du désir vers la folie, l’amour se voulant plus fort que la mort. L’image de la femme, fortement érotisée et mortifère, est un fil conducteur de la poétique maupassantienne, brouillant la frontière entre réalisme et fantastique et entre réalisme et décadence. Du fantôme au fantasme, Maupassant transporte le lecteur dans l’inconscient de sa créature et dans une œuvre qui oscille entre fantastique et fantasmatique.
RESUMÉ:
« L’angoisse véritable ne sait pas ce qui l’angoisse. »
Heidegger1
A la suite des auteurs du XIXe siècle spécialistes du genre – Hoffmann,
Poe, Gautier, Mérimée, Tourgueniev –, Maupassant s’est adonné au fantastique. S’il a été influencé par ses prédécesseurs comme on peut le voir dans
Noëlle Benhamou - é docente em de l’Oise, Université de Picardie.
1Cité par Georges Poulet dans Du Romantisme au XXe siècle. La Pensée indéterminée. II, Paris,
Presses Universitaires de France, Ecriture, 1987, p.171.
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BENHAMOU, Noëlle
le choix de certains thèmes2 , son approche du fantastique est bien spécifique.
Certes, les récits maupassantiens répondent à ce que Roger Caillois appelle les «invariants du fantastique »3 : un narrateur